18 Août 2012
La dénonciation de l’implication de l’ANP dans certains des incendies qui embrasent le nord de l’Algérie, tourne à une compagne de dénigrement de l’institution militaire, une compagne aux forts relents islamo-concordistes.
Sans la moindre nuance, il faut dire qu’une conception du combat contre les maquis islamistes qui évolue en crimes écologiques, massifs et abjects, appelle la plus absolue condamnation, et ne peuvent trouver aucune justification. Ces crimes seront encore plus condamnables s’il se confirme que la directive provient du commandement de l’ANP, ou d’un autre centre de pouvoir. Rachid Bali d’algerie-express rapporte qu’un « officier [du secteur opérationnel de Tizi-ouzou], qui a pris le temps d’écouter les doléances des villageois, leur a présenté une note émanant d’Alger recommandant de brûler tout buisson, bosquet ou massif forestier susceptible d’abriter des terroristes. ». Une telle note est un crime écologique sans nom, qui entache l’honneur des hommes qui portent la lutte anti-terroriste et qui, au plus fort de la confrontation avec l’islamisme, n’ont pas eu recours à ce type de procédés criminels.
R. Bali, refuse pourtant de verser dans cette compagne véhémente contre l’ANP, et illustre bien que les responsabilités sont au niveau politique. Au niveau de la direction politique et celle-ci, comme l’avais écrit El Hachemi Cherif en parlant de l’ANP dans la crise, inclue la haute hiérarchie de l’ANP qui « à partir du seuil d'implication dans la politique, devient partie intégrante du personnel politique, de la classe politique et se distingue relativement de l'ANP/institution, tout en assumant paradoxalement sa direction ».
R. Bali pose quelques gros traits d’une autre politique qui en opérant d’autres choix légitimerait à un niveau très élevé le combat que cette institution assume depuis des décennies.
Voilà ce qu’il écrit :
« (…)Imaginons un instant que l’armée soit aussi entrainée à intervenir dans les grandes catastrophes naturelles. Imaginons qu’après les intempéries de l’hiver 2012, le ministère de la défense ait impliqué quelques-uns de ses bataillons dans le ramassage des branches cassées par les neiges et le nettoyage des pistes forestières. Imaginons que l’Algérie achète moins de MIG et se dote de quelques canadairs pour traiter rapidement les départs de feu. Imaginons qu’au lieu de recruter et de suréquiper 300 000 policiers et près de 100 000 gendarmes pour un pays de 30 millions d’habitants pour prévenir ou réprimer les Algériens qui manifestent pacifiquement, on affecte une partie de ces moyens à la protection civile et à l’encadrement des jeunes.
Est-il surréaliste de penser qu’alors les citoyens se (re) mobiliseraient pour assister les forces de sécurité dans leur lutte contre le terrorisme ? (…) »
Interventionsur Berber Tv le 18 février 2012